En haut : vue de la salle plénière au Palais des Congrès de Bienne. Au milieu : Sandra Burlet, directrice de Lignum, a introduit le programme de l'après-midi axé sur le dialogue. En bas : Table ronde avec (de gauche à droite) Gerhard Andrey, Julia Pagel, Nicole Deiss et Max Renggli, animée par Hanspeter Bürgi. Dans l'exposition spécialisée qui accompagnait la manifestation, plus de 50 entreprises ont présenté leurs derniers produits, services et solutions. Lignum, partenaire de la manifestation, a présenté ses dernières publications. La prochaine Journée de la construction en bois de Bienne aura lieu le 8 mai 2025. Images Matthias Käser/BFH-AHB
Le premier bloc d’exposés a dressé un état des lieux de la construction bois. «Production de masse ou pièces uniques?» se sont interrogés l'architecte Frédéric Bauer, partenaire de Bürgi Schärer Architekten, et l'ingénieur en construction bois Johann Maître, responsable du bureau romand de Timbatec dans leur présentations relatives aux possibilités de la construction en bois pour les bâtiments scolaires.
D’une part, la construction modulaire est aujourd’hui très répandue dans les bâtiments scolaires et de nombreux projets présentent des similitudes structurelles, raison pour laquelle il n’est pas nécessaire à chaque fois de réinventer la roue.
Cependant, le matériau de construction bois permet d’autre part «un haut degré d’individualité dans la conception», et l’idéal serait d’adapter les projets à l’offre disponible dans les communes souhaitant construire leurs bâtiments scolaires en bois.
Favoriser le climat à la haute technologie
Mathias Heinz de pool Architekten et l’ingénieur civil Hermann Blumer ont partagé leurs expériences et leurs recommandations dans leur exposé sur les grands projets de construction bois. Leur présentation sous forme de dialogue a notamment mis en évidence la difficulté de concilier les exigences de conception et de construction avec les besoins de la domotique.
La discussion a également porté sur le rôle des façades et le design circulaire. Face à ces défis complexes, le pionnier de la construction bois Hermann Blumer a donné le conseil suivant à ses jeunes collègues: «N’essayez pas de trouver des solutions high-tech avec le bois. Le bois est un atout lorsqu’il peut faire valoir sa polyvalence et ses bénéfices climatiques et sociaux».
Projet d’envergure Risch-Rotkreuz
Rolf Nydegger et Matthias Eisele ont présenté l’un des plus grands projets de construction bois en cours en Suisse : le nouveau bâtiment de production de Roche Diagnostics à Risch-Rotkreuz. Rolf Nydegger représentait le maitre d’ouvrage Roche en qualité de chef de projet et Matthias Eisele du bureau merz kley partner a exprimé le point de vue du concepteur de structure porteuse.
Le bâtiment de quatre étages, dont la construction débutera prochainement, devrait mesurer 150 mètres de long et comporter, outre des ateliers de production stérilisés, un entrepôt de stockage grande hauteur. L’ingénieur civil Matthias Eisele a plaidé pour «une utilisation pragmatique et non dogmatique du bois». C’est pourquoi, dans ce grand bâtiment, des noyaux en béton armé, par exemple, assureront le contreventement horizontal.
Pour le maitre d’ouvrage et ses appareils de mesure de haute précision, la sensibilité aux vibrations est un sujet essentiel, une construction exclusivement en bois ne permettait pas d’atteindre la rigidité souhaitée. Dans tous les cas, plusieurs milliers de mètres cubes de bois seront mis en œuvre.
De jeunes têtes pleines d’idées
Le deuxième bloc d’exposés abordait l’avenir de la construction bois. Cette partie de la manifestation était intitulée «Nouvelles coopérations dans l’architecture, l’ingénierie et l’artisanat». Les quatre projets présentés ont remporté un concours organisé par la Journée de la construction bois Bienne 2024 pour des équipes interdisciplinaires de moins de 40 ans.
Le public a pu choisir parmi les quatre projets gagnants et a voté pour la tour panoramique de Hardwald, près de Zurich. Une équipe composée de Luna Productions (architecture) et de Frischknecht Holzbau-Team AG a remporté le concours lancé par les communes et pu réaliser son projet en 2022.
La tour de 41 mètres se distingue par sa silhouette sculpturale, dont l’aspect change en fonction du point de vue de l’observateur. Cette conception convaincante a fait de la tour panoramique une attraction pour le public.
De nombreuses questions ouvertes pour la réutilisation
L’après-midi a été consacré au dialogue. Les participants pouvaient choisir l’une des trois manifestations interactives ayant pour titre: «Construction parasismique en bois, aujourd’hui et demain», «Processus de planification et de mise en œuvre» et «Conception et design adapté[e]s à l’économie circulaire».
Le thème de la construction circulaire a suscité de loin le plus grand intérêt. Pour une circularité efficace, il s’agit de construire de plus en plus avec des éléments de construction entiers de seconde main (mot-clé: réutilisation). Voilà pour la théorie. Dans la pratique, comme l’a montré la discussion avec le public, diverses questions restent ouvertes.
Qui garantit la qualité des éléments réutilisés? Comment répercuter les coûts de démontage, de traitement et de stockage? Et comment convaincre les maitres d’ouvrage de réutiliser par exemple des cuvettes de WC usagées? L’un des intervenants a donc estimé qu’il ne fallait pas démanteler des bâtiments, mais les développer et les compléter.
Est-ce que l‘avenir sera fait que de rénovations ?
Un débat a clos l’édition 2024 de la Journée de la construction bois Bienne. Des personnalités du monde politique et de l’économie ont discuté des perspectives du secteur de la construction (bois) jusqu’en 2050 : Construira-t-on encore de nouveaux bâtiments en 2050?
«La part des rénovations va augmenter de manière significative et, dans les nouvelles constructions, tout sera fait pour réduire l’utilisation des matériaux», a déclaré Julia Pagel, responsable du développement immobilier chez Losinger Marazzi. Et la planificatrice Nicole Deiss de Neon Deiss Architectinnen a expliqué qu’«un changement de paradigme a déjà eu lieu, de plus en plus de maitres d’ouvrage décidant de conserver le bâti existant.»
Pour l’entrepreneur en construction bois Max Renggli, en fin la discussion: «L’avenir est hybride, nous avons besoin d’une utilisation différenciée des ressources.» Enfin, Gerhard Andrey, conseiller national Les VERT-E-S suisses et entrepreneur, a formulé ainsi sa conclusion personnelle: «J’aimerais susciter l’envie d’aller de l’avant. Nous avons tout ce dont nous avons besoin en Suisse pour réussir – qui, si ce n’est nous, pouvons créer un avenir digne d’être vécu?»