Les propriétaires forestiers suisses rejettent l'initiative sur la biodiversité
ForêtSuisse rejette l'initiative sur la biodiversité. Aux yeux des propriétaires forestiers, elle va bien au-delà de l'objectif visé. Si elle devait être mise en œuvre, de nouvelles directives compliqueraient l'entretien de la forêt et donc son adaptation au changement climatique. L'association estime que des restrictions supplémentaires pour les propriétaires forestiers, telles que celles exigées par l'initiative sur la biodiversité, sont non seulement inutiles, mais également nuisibles à la gestion forestière.
« L’initiative n’apporte aucune plus-value à la forêt »
Le conseiller aux Etats Daniel Fässler, président de ForêtSuisse, explique pourquoi l’association des propriétaires forestiers suisse recommande le rejet du texte dans un interview accordé à la revue La forêt : « L'initiative est superflue pour la forêt, car c’est incontestable que la biodiversité y est présente à un niveau élevé. L'Office fédéral de l'environnement OFEV l'a d'ailleurs confirmé dans sa publication Politique forestière 2020. »
Dans ce document, l'OFEV ne souligne pas seulement la qualité écologique croissante des forêts suisses, mais aussi leur importance pour la préservation de la biodiversité indigène, a déclaré Daniel Fässler. « En collaboration avec le WSL, l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage, l'OFEV a en outre constaté que la biodiversité forestière s'est maintenue et qu'elle évolue en accord avec les objectifs de la politique forestière de la Confédération. »
Le refus de l’initiative n’est pas contre la biodiversité
« Notre rejet de l'initiative n'est pas une décision contre la biodiversité », précise Daniel Fässler. « Au contraire, la forêt est importante pour la biodiversité. La forêt a aussi d'autres fonctions : C’est une zone de loisirs de proximité, et remplit aussi des fonctions de protection et de production. »
Toujours selon Daniel Fässler, la forêt pâtirait en cas d'acceptation de l'initiative sur la biodiversité : « L'initiative aurait des répercussions importantes sur l'entretien et l'exploitation sylvicoles. Elle exigerait encore davantage de réserves forestières, dans lesquelles les interventions sylvicoles sont en principe interdites. Les surfaces forestières disponibles pour la production de bois seraient encore davantage réduites. Ce n'est pas dans l'intérêt des propriétaires forestiers ni de la filière du bois ».
L'industrie suisse du bois également critique
L'association Industrie du bois Suisse recommande également le rejet de l’initiative. En effet, si des directives et des restrictions supplémentaires affectent la production forestière, la récolte de bois suisse en souffrira également. La matière première transformée dans les scieries suisses provient à 97,5% du pays. Les transformateurs de bois sont tributaires d'un approvisionnement suffisant en bois, souligne Industrie du bois Suisse.
Mais il s'agit de bien plus que cela : « De nouvelles restrictions d'exploitation vont à l'encontre des efforts de la Confédération et des cantons visant à utiliser davantage cette matière première précieuse et durable comme alternative aux matériaux de construction et aux sources d'énergie nuisibles au climat et provenant en partie de sources douteuses », constate l'association des transformateurs suisses de bois brut.
Alliance du non
Tout comme ForêtSuisse et Industrie du bois Suisse, AEE SUISSE – Organisation faîtière de l’économie des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, AM Suisse, l’Association des entreprises électriques suisses, le Centre Patronal, economiesuisse, la Fédération suisse des bourgeoisies et corporations, le Groupement suisse pour les régions de montagne, Primavera, la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE), la Société suisse d’économie alpestre, l’Union suisse des arts et métiers usam et l’Union suisse des paysans s’opposent au texte de l’initiative sur la biodiversité.
Les associations précitées se sont regroupées dans une alliance contre l'initiative sur la biodiversité. Elles craignent qu'en cas d'acceptation de l'initiative, la production d'énergie et de denrées alimentaires soit fortement limitée, que l'exploitation de la forêt ainsi que les infrastructures touristiques dans les zones rurales soient rendues plus difficiles et que la construction soit renchérie. L'approvisionnement local serait affaibli et les importations d'énergie, de denrées alimentaires et de bois augmenteraient.
Liens foretsuisse.ch | holz-bois.ch | Alliance contre l'initiative sur la biodiversité